Quand la boîte qui m’employait a fait faillite en septembre,

je me suis dit que c’était l'occasion ou jamais.

Comme la mesure ne me connais pas

(je préfère me dire que c’est elle la responsable),
J’ai toujours trop travaillé. J’allais profiter de six mois de chômage,

et des nombreuses formations gratuites

dont tous les ministres de l’emploi nous parlent dans les JT.

J’ai payé tant d’impôts, depuis si longtemps,

que je méritais bien que l’Orbem m’offre une formation,

pour m’aider un trouver un job encore mieux payé,

qui me permettrait ensuite de payer encore plus d’impôts

permettant a d’autre de se former à leur tour, et de trouver un job.

Et la boucle est bouclée.

Ça s’appelle la Redistribution lorsque ça marche,

et le Socialisme quand ça ne marche pas.
Je ne me suis pas arrêtée au fait que sur leur site,

quand on clique sur Offres d’emploi.

La réponse s’affiche en pleine page.
‘Pas d’offres d’emploi disponibles en ce moment’.

Mais je ne me suis pas découragée.
Oui, je sais, ma candeur est quelquefois touchante.
Pourtant ça avait bien commencé, j’ai d’abord découvert

que l’Orbem a un bureau rien que pour les gens qui,

comme moi, parlent toutes les langues utiles professionnellement,
Pas le Néerlandais. Je m’y suis donc rendue.

Fait assez remarquable dans ce genre d’institution,

il n’y avait pas quarante trois personnes devant moi.
« Entrez sans frapper » disait la porte.

Suivant l’instruction, armée de mon plus beau sourire

et d’une motivation a toute épreuve, j’entrai.
Huit femmes, style dames pipi autistes,

firent de leur mieux pour ne me prêter aucune attention,

espérant que j’allais importuner leur voisine plutôt qu’elles.
Je ne me laissai pas impressionner et m’assis au premier bureau,

celui juste devant la porte.

(L’employée de ce bureau stratégique changera de place dés demain, c’est certain !)
Comme il y a 20% de chômage à Bruxelles,

principalement pour cause de méconnaissance des langues,

j’étais certaine que cette gentille dame, spécialisée dans ce genre de situation,

allait me dégoter un cours en moins de deux.
J’ai expliqué, toujours souriante : Grande expérience professionnelle ;

Immobilier, Gestion de patrimoine, Secrétaire de direction.

Eloges écrites de chacun de mes anciens employeurs.
Anglais parfait. Français plus que parfait.

Ne manque qu’une remise a niveau en Néerlandais …
Sans un mot, elle tapota sur le clavier. Le son de l’imprimante rompit le silence ambiant.
Elle me tendit trois feuilles, une liste des cours de promotion sociale a Bruxelles.
Toujours optimiste, je me hasardai a quelques questions : Pouvez vous les contacter ?

Y a t-il une association entre vous et ces structures ?

Quelles sont les modalités, les disponibilités ?
-« Voyez ça directement avec elles. Au revoir. »

L'Espace Langues de l’Orbem peut se targuer de super résultats :

Il a remis a l’emploi huit dames pipi

(qui cependant dans leur emploi précédent étaient bien plus souriantes).

Et voilà que sans l'aide de personne, après deux jours d'essais,

je viens de décrocher un job.

Sans manier habilement le Néerlandais,

ça va pas aider a la réconciliation communautaire.

Emploi offert par une patronne qui a seulement eu comme réserve :

"Je suis un peu embêtée avec vos antécédents professionnels;

Pourquoi postulez vous pour ce poste ? Vous êtes bien trop qualifiée !"

ça ne s'invente pas !