Les aventures abracadabrantes d’une dilettante bénévole




Le ventre s’arrondissant, j’ai laissé tomber

les offres d’emploi rémunérées
Pour un temps je suppose, à moins que vous ne connaissiez

un employeur qui voudrait m’engager pour quatre mois

et me paie ensuite six mois de congé de maternité ;
SI OUI. JE SUIS PARTANTE

Bien sur je ne vais pas passer mon temps à me regarder le nombril
(même si je le trouve de plus en plus mignon déguisé en rondouillard)
Je travaille déjà comme volontaire,

des traductions anglaises pour une ONG, mais ça ne m’occupe que deux demi journées par semaine.

Pas assez.

C’est pourquoi depuis peu je lis le Guide social : C’est fou le nombre d’associations qui se damneraient pour votre temps ! Et contrairement aux vrais boss, qui font la fine bouche devant votre C.V. ; ils répondent élogieusement à vos lettres de motivation, et vous reçoivent avec une cordialité déconcertante.
C’est MA-GI-QUE : Le monde a besoin de moi.
Un besoin impérieux !
J’ai tout de même fait l’impasse sur les annonces répétées de Infor Ecoute Suicide…
J’ai mes limites. Par contre j’ai postulé pour du soutien scolaire, deux fois par semaine. Des gosses en décrochage. J’ai été interviewée la semaine passée et immédiatement enrôlée.
Je commençais hier.
Et là je suis perplexe …
Entrer dans la maison de quartier, et me guider grâce aux hurlements de trente têtes brûlées de dix ans qui m’accueillent comme il se doit : « T’es qui toi ?! Dégage ! »

Le prof de math retraité, que je suis censée seconder, m’accueille, résigné.
- « Bonjour, je suis Marcel » mais moi j’entend « Il n’est pas trop tard, vous pouvez encore vous enfuir ».

Je ne l’ai pas fait, et je l’ai regretté pendant une heure et demie.
Quel gâchis. Je suis rentrée vidée.
Vidée et triste.
Une génération sacrifiée.
Le terrifiant échec de toutes les politiques d’immigration des trente dernières années.
Et là je ne ferai certainement pas la différence.

Mais je reste positive, j’ai aussi postulé pour être ‘lectrice de livres pour aveugles’
Enregistrer les classiques de la littérature sur cd, ça m’dit bien.

Et là au moins, je ne me ferai pas insulter !